Explication Hernani
Voici l'explication d'Hernani étudiée en classe:
Hernani
expli. I, 1
Intro :
L’histoire
littéraire met en relief certaines dates : le 25 février 1830
est l’une des plus célèbres, c’est l’occasion pour les
Romantiques de renverser les règles et les contraintes d’écriture
du Classicisme, qui s’imposent au théâtre depuis deux siècles.
Une grande liberté semble gagner soudain la scène.
Hernani
est écrit pour que dès la première scène la nouveauté s’impose.
Cette scène d’exposition crée un effet de réel par la richesse
du tableau et la complexité d’une histoire présentée in
médias res, mais aussi par la modernité du langage et de
la poésie qu’elle exprime.
Comment Hugo
parvient-il à associer les impératifs d’une scène d’exposition
attrayante avec le désir de renverser les contraintes et les usages
dépassés du Classicisme ?
Nous verrons
d’abord le pittoresque de cette scène d’ouverture de la pièce,
puis l ’exposition complexe d’une intrigue, enfin nous
envisagerons les intentions provocatrices de cette première scène .
I
Une scène
pittoresque(
pictor, le peintre)
-
La création d’une atmosphère : soir, lampe, intimité d’une chambre, évocation « hors champ » d’un château mystérieux « tout dort dans le palais »
Costumes, précision des
époques « Isabelle la C.»/ 1519 »
Intimité féminine ;
Duègne rempart de la vertu ; apparition de Sol dans
l’obscurité en robe blanche.
-
personnages pittoresques personnages contrastés ; vieille femme grotesque changeante : vouvoie/tutoie ; expressive : effroi/scandale/satisfaction
jeune homme
riche arrogant impératif tutoie tjrs
-
tradition et conventions effets romanesques de la situation passage secret/ de nuit/ complicité cachette/ placard ; opposition vertu catholique tradi/ libertin
II L’exposition d’une
intrigue complexe
Trans. Dans cette sc. Ce que
l’on voit est captivant, mais ce qu’on entend attise encore plus
notre curiosité
-
« trois pour une » titre choisi par Hugo dans un premier temps
-
Dona Sol : apparition quasi surnaturelle ; contraste de registre, de comportement, de couleur, silence en fin de scène.
-
Dans la situation immédiate, tension du ressort de Carlos caché dans sa « boîte » prêt à surgir comme un diable comique, tension de l’attente de Hernani, sa venue est annoncée par Josépha « serait-ce déjà lui ? » et soulignée par Carlos « Elle attend son jeune », tension de Josépha qui n’a pas dit la présence de Carlos dans le placard.
III Une scène
provocatrice
-
Le mélange des genres le genre noble s’exprime par l’autorité, les menaces de mort, l’insistance rhétorique du registre tragique sur le thème de la mort « que je meure ! » il est mêlé au registre comique de la dérision « Oui. » réplique Josépha, qui représente une parodie de la duègne effarouchée « Un homme, ici ! » que souligne ironiquement Carlos « C’est une femme(…) qu’attendant ta maîtresse ? » les formes du comique gestuel,(bourse) de situation, le placard, sont soulignées par l’humour de Carlos qui traite indirectement la duègne de sorcière par les métaphores de l’écurie et des montures –balais ; le grotesque réside dans l’association du roi et de la situation farcesque. Par contre le silence se fait lors de l’apparition sublime de Dona Sol.
-
Le vocabulaire qui permet ces mélanges est donc très varié, ouvert au lexique quotidien ; c’est surtout le noble Carlos qui emploie le lexique bas : boîte, barbe, manche à balai, écurie, bourse ; alors que Josépha, qui est au service de D. Sol, emploie le vocabulaire classique ; le ciel, l’épée, le palais. Il n’y a plus de catégories comique ou tragique.
-
Enfin l’alexandrin classique est démembré le célèbre rejet du vers 1 au vers 2 sépare l’adjectif « dérobé », épithète d’un « escalier» qui finit le premier vers, mais n’en finit pas le fragment grammatical, et ce rejet est une provocation « dès le premier vers » diront les Classiques, outrés, car on entend quinze syllabes, même si l’on voit le vers rimer à la douzième.
Dans la suite, l’alexandrin
est fragmenté jusqu’à six phrases, pour douze syllabes (vers 18,)
c’est encore une forme d’extrême provocation (et c’est aussi
la raison pour laquelle il est si difficile de compter les vers !)
Mais c’est surtout une
modernisation du langage sur la scène : Hugo donne vie au
dialogue, avec le naturel et les effets comiques de l’outrance
(monosyllabes de D. Josépha, 5X), ainsi, le rythme de l’alexandrin
n’est plus monotone.
Et pourtant Hugo ne renonce
pas aux beautés de la versification : un chiasme structure le
vers 10
« Le jeune amant sans
barbe à la barbe du vieux », il est à la fois drôle et
brillant.
Concl.
Scène très novatrice ; la forme bouleverse les codes, la
liberté du vocabulaire bouscule les habitudes et les idées reçues.
Tous les interdits, les conventions, sont remis en cause, mais Hugo
reste un auteur dramatique de bon sens ; il sait retenir
l’attention du spectateur, il sait exposer une intrigue avec
clarté, et en intensifier l’exposé en provoquant dès la première
scène une tension captivante.
Ainsi, Hugo parvient à
remplir tous ses objectifs dès la première scène ;
appliquer les principes de liberté exposés dans la préface de
Cromwell,
exposer une intrigue cohérente et prenante, donc conserver des
anciens modèles le meilleur, et faire avancer le théâtre vers la
modernité.

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