Au revoir là-haut: Critique N°2
Critique du film Au revoir Là-haut (sortie du 24/11/2017)
Avant d'aller voir Au revoir Là-haut, j'avais décidé de vider ma tête de tout a priori: entre autres, ceux sur les récents films français et ceux sur les adaptations de livre. Je suis donc arrivée à la séance sans attendre grand chose du long métrage, à part peut-être un bon jeu d'acteurs au vu du casting.
Le bon point, c'est que je n'ai pas été déçue. Au contraire, j'ai plutôt été agréablement surprise. Ce film possède à mon avis beaucoup de bons côtés. D'un point de vue plastique, les décors sont beaux et bien choisis, on trouve certains plans magnifiques et l’esthétisme des masques d'Édouard est pour moi peu discutable. Les acteurs se sont tous révélés excellents dans leur rôle, mais ceux qui m'ont le plus marqué ont été Nahuel Pérez Biscayart (Édouard), qui a parfaitement su jouer un rôle muet, et Laurent Lafitte (Lieutenant Pradelle) qui a interprété de façon excellente ce personnage sans scrupules. Enfin, le scénario, adaptation du roman de Pierre Lemaitre, m'a énormément plu. Une Gueule Cassée, artiste hors pair, qui crée des masques et qui s'associe à son camarade pour tenter d'escroquer l'État, l'intrigue m'avait conquise avant même que je ne commence à lire le roman.
Malgré tout cela, je suis sortie de la séance avec une sorte d'arrière-goût amer. Le film m'avait plu et j'avais passé un bon moment, mais je n'arrivais pas à me réjouir de la séance comme tous ceux autour de moi. Comme une impression que quelque chose manquait. J'ai dû y réfléchir longuement avant de trouver ce qui me tracassais, et alors plusieurs questions sur les choix scénaristiques ont fusé dans mon esprit. La première: Pourquoi la relation entre Édouard et son père n'a pas été montrée plus explicitement ? En regardant le film, on ne sait pas réellement quelle est la source de dispute entre les deux hommes, mais dans le roman, il nous est parfois supposé qu'Édouard est homosexuel, et que c'est pour cela que son père ne l'apprécie pas. Alors, pourquoi ne pas nous l'avoir indiqué au lieu de nous laisser avec un élément de l'histoire inexpliqué ? Doit-on prendre cela comme une volonté de ne pas inclure un personnage homosexuel dans un film qui ne se veut pas centré sur ça ? Car des films centrés sur l'homosexualité et sur la communauté LGBT, on en a, mais des films où ce n'est pas le sujet central du scénario, on en a moins. Je suis d'avis qu'il ne faut pas chercher homophobie et censure partout, mais pour moi, cet élément de l'histoire aurait dû être expliqué d'une quelconque manière, pour donner plus de profondeur à ces querelles de famille. Autre point important et pour moi un peu trop survolé: la psychologie des personnages. Dans ce film, pas d'état de stress post-traumatique ni de dépression, seulement des hommes qui semblent se remettre de mois ou d'années de guerre en quelques jours. On en arrive à la fin du film: un suicide, beau en image mais arrivant presque comme une fleur. J'ai eu l'impression d'un suicide pour le scénario, d'un suicide parce que l'auteur l'avait écrit comme ça, d'un suicide pour la beauté du suicide.
Se concluant sur une sorte de "Happy Ending", Au revoir Là-haut m'a laissée mitigée. D'un côté, un bon jeu d'acteur, une bonne ambiance et de beaux décors, de l'autre, des personnages rendus moins profonds par les choix scénaristiques et, sûrement, la contrainte du support artistique. Mais au fond, que sont quelques minutes pour indiquer implicitement l'homosexualité d'Édouard et montrer les réelles conséquences de la guerre, au prix de personnages plus profonds et peut-être même plus attachants ? Cependant, comme dit en début d'article, j'ai tout de même passé un bon moment devant le film et je salue le courage d'Albert Dupontel, qui a relevé le défi d'adapter ce riche roman au cinéma, et même de jouer dedans.
Kazan Alexandra

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